La digitalisation, facilitatrice de l’«agenda vert»

21.06.2023
Dans le secteur de l’énergie aussi, la digitalisation ne cesse de progresser. Le processus de transformation numérique est en cours dans certains champs d’activité, comme le montre l’étude transnationale «Digital@EVU 2023».

La digitalisation est une condition préalable essentielle à la transformation du système énergétique. Les entreprises d’approvisionnement en énergie sont conscientes de son importance, mettent en œuvre des stratégies digitales et établissent des partenariats ad hoc pour faire avancer leurs projets dans ce domaine. Telles sont les principales conclusions de l’étude «Digital@EVU 2023» menée par Kearney, IMP3ROVE, BDEW et l’AES. En tout, plus de 100 EAE de tailles différentes, réparties dans 13 pays, ont participé à l’étude. Avec plus de 600 entreprises – du groupe international à un service intégré dans une commune –, le secteur suisse de l’électricité est très hétérogène, ce qui restreint quelque peu la pertinence de l’étude  pour les entreprises suisses d’approvisionnement en électricité. Les résultats de cette enquête aident toutefois ces dernières à mieux comprendre les pratiques usuelles dans le secteur et à se comparer avec la concurrence. L’étude identifie en outre les tendances futures et les opportunités offertes à l’ère numérique.

Économies et augmentation du chiffre d’affaires

L’édition de cette année souligne le potentiel de synergies entre la digitalisation et le développement durable, qui sont les clés d’un avenir climatiquement neutre. Elle fait ressortir une corrélation claire entre ces deux tendances: 54% des EAE participantes indiquent que leur stratégie digitale joue un rôle facilitateur important dans la mise en œuvre de leur propre «agenda vert». La moitié des entreprises ont l’intention d’augmenter leur budget informatique au cours des trois prochaines années. Près d’un quart tablent sur des économies de 9% au moins grâce à la digitalisation, qui est censée également contribuer à l’augmentation du chiffre d’affaires; le potentiel de croissance est mis en évidence dans différents champs d’activité, notamment les systèmes de chauffage intelligents, l’infrastructure de recharge ou le négoce d’énergie. La digitalisation est particulièrement avancée dans le domaine de la sécurité et des données informatiques, ce qui n’est guère étonnant, puisqu’elle renforce, du fait de sa progression, les exigences en matière de protection et de sécurité des données, d’autant plus que les EAE exploitent des infrastructures critiques pour l’approvisionnement en électricité.

Engagement de l’AES en faveur de la transformation digitale de la branche

L’AES s’engage pour que la branche continue à se digitaliser dans les domaines les plus variés et puisse compter sur le personnel spécialisé nécessaire, notamment avec ses propres offres de formation continue, comme la «Cyber Security IT/OT». En tant qu’association faîtière, l’AES élabore des bases et met à la disposition de la branche des lignes directrices, des cours, des outils et des plateformes. De plus, elle gère le «Forum sur la digitalisation dans le secteur de l’énergie», un forum où les EAE, les prestataires de services informatiques et d’autres spécialistes du numérique peuvent échanger et se soutenir. Ce forum est le point de rencontre virtuel de la transformation digitale de la branche.

Manque de clarté concernant les compétences digitales requises

En revanche, l’orientation client, la digitalisation des processus et l’analyse de données présentent un fort potentiel encore inexploité, et ce, quelle que soit la dimension des EAE. On constate en outre que le niveau de numérisation des grandes EAE et des groupes (chiffre d’affaires à partir de 250 millions d’euros par an) en ce qui concerne l’ensemble des champs d’action et instruments de digitalisation, est supérieur à celui des petites et moyennes EAE, au volume de chiffre d’affaires moins élevé. En outre, sur toute la chaîne de création de valeur, huit entreprises sur dix n’ont pas défini de stratégie digitale en aval. Cela explique probablement pourquoi la digitalisation ne progresse pas de la même manière dans tous les domaines. Par ailleurs, une majorité d’entreprises ne savent pas exactement identifier les compétences et le savoir-faire nécessaires à l’avenir en matière digitale. En conséquence, les responsables du personnel ne sont pas en mesure de proposer des formations de base et continues adéquates ni de recruter de nouveaux talents.

Mise en lumière des opportunités offertes par la digitalisation

Markus Riner, responsable Informatique et digitalisation au sein de l’AES, estime que la principale conclusion de l’étude réside dans l’importance de supprimer les obstacles en interne et de développer des compétences digitales: «Les systèmes obsolètes, les processus routiniers et, parfois, les résistances des personnes constituent un frein au processus. Il appartient aux entreprises de montrer avec doigté les opportunités offertes par la digitalisation.» Une stratégie englobant l’ensemble de la chaîne de création de valeur et non uniquement certains domaines, définissant des étapes et des objectifs intermédiaires et favorisant une culture de l’innovation permettrait d’améliorer l’acceptation.

Vers l’étude transnationale «Digital@EVU 2023»

Plan E: solution digitale pour la planification de coupures en cas de pénurie d’électricité
L’AES élabore, en collaboration avec le Swiss Energy Data Working Group, une plateforme applicable à l’échelle nationale permettant de visualiser la planification des coupures et l’information des consommateurs finaux en cas de délestages de réseau pour l’hiver à venir (2023/24). Cette solution pose les bases nécessaires à la réalisation d’une plateforme digitale centralisée offrant des renseignements sur la disponibilité du réseau en Suisse. D’autres cas d’application, comme la communication des perturbations non liées aux situations de pénuries gérées par OSTRAL, peuvent ainsi être représentées.

Fin novembre, un prototype de démonstration et un concept de solution ont été élaborés dans le cadre d’un sprint de lancement associant 6 GRD. La faisabilité et l’évolutivité de la solution sont en cours d’essai. Ensuite, un prototype fonctionnel sera construit. Once GRD régionaux et urbains participent actuellement sous la houlette de l’AES. Nous partons du principe qu’une solution opérationnelle/fonctionnelle sera disponible en juin.